Trouble obsessionnel compulsif

La plupart d’entre nous ont déjà eu des pensées intrusives qui nous sont venues à l’esprit ; des pensées que nous ne voulons pas nécessairement avoir et qui peuvent être désagréables ou effrayantes.

Par exemple, des pensées selon lesquelles nous pourrions directement blesser un inconnu (poignarder quelqu’un, frapper quelqu’un avec notre voiture, pousser quelqu’un devant le wagon du métro, etc.), quelqu’un que nous aimons (frapper notre enfant) ou nous-mêmes (sauter d’un endroit élevé, dévier notre voiture d’une falaise ou dans la circulation en sens inverse). Nous pouvons aussi avoir des pensées intrusives par rapport au fait de blesser un être cher de manière indirecte (les voir mourir dans un incendie ou d’une intoxication alimentaire en raison de notre négligence, leur transmettre un virus mortel, etc.). D’autres pensées intrusives peuvent contenir un élément tabou, comme la possibilité d’avoir une attirance sexuelle envers les enfants ou d’autres pensées que nous considérerions comme perverties. D’autres variations courantes du TOC incluent le TOC lié aux relations interpersonnelles (se demander si nous sommes en couple avec la bonne personne de manière obsessionnelle ; ou si nous-mêmes ou notre partenaire allons être infidèle, etc.), le TOC existentiel (obsession sur le sens de la vie), etc.

Les pensées sont inoffensives, puisqu’une pensée n’est qu’une pensée, et qu’elles viennent à notre esprit sans raison particulière. Le problème survient dans la manière dont nous les interprétons :

 « Je dois être une mauvaise personne pour avoir eu cette pensée. »

 « Et si je le faisais réellement ? Je pense à ça (et je sens même parfois l’impulsion de le faire), donc il est possible que je le fasse pour de vrai. »

C’est à ce moment-là que les pensées peuvent devenir une obsession. En ne voulant pas avoir ces pensées, parce que nous leur attribuons une telle importance et signification, nous les maintenons paradoxalement dans notre esprit. Peut-être avez-vous entendu parler de l’exercice de l’ours blanc, où votre seule tâche pendant un temps donné est de ne pas penser à un ours blanc. Vous pouvez deviner ce qui se passe ; tout ce à quoi vous pouvez penser, c’est un ours blanc ! En essayant de ne pas penser à une pensée intrusive, comme si c’était vraiment important de ne pas le faire, tout ce que vous pouvez faire, c’est y penser.

Ensuite viennent les comportements ou compulsions pour prévenir les torts et essayer de gérer l’obsession :

Évitement :

« Je dois assurer ma sécurité et celle des autres, et éviter de me retrouver dans des situations à risque (celles où je pourrais commettre un geste horrible) et même des situations où je suis susceptible d’avoir ces pensées » (par exemple, éviter de tenir un couteau par peur de poignarder quelqu’un).

Vérification :

« Je dois vérifier pour être certain » (par exemple, vérifier que j’ai éteint la cuisinière par peur de provoquer un incendie).

Chercher à être rassuré :

« Je dois être rassuré que ce n’est pas vrai » (par exemple, vérifier que la présence d’enfants ne suscite aucune excitation sexuelle).

Compulsions mentales (comportement cognitif) :

Essayer de « défaire » la pensée (par exemple, si je pense à un proche ayant un accident sur l’autoroute, je dois défaire cette pensée en l’imaginant en train de conduire en toute sécurité).

Un autre symptôme fréquent dans le TOC est la « sensation de l’expérience imparfaite ». Bien que la plupart d’entre nous aient au moins certaines préférences sur la façon dont nous aimons que les choses soient (par exemple, boire du thé dans notre tasse préférée, organiser nos documents d’une façon spécifique, etc.), une déviation par rapport à cela n’entraîne généralement pas une détresse significative. Dans le TOC, surtout en ce qui concerne la symétrie et l’ordre, ces déviations provoquent une sensation qui génère suffisamment d’inconfort ou de détresse pour que la personne ressente une forte impulsion à essayer de tout remettre en ordre malgré le caractère déraisonnable de l’action (temps excessif et contrôle). Ces sensations font souvent partie du TOC basé sur la contamination, où une personne sent que le lavage des mains ou du corps est insuffisant pour assurer une véritable propreté, ou du TOC basé sur la vérification, où l’on se sent comme si l’on n’avait pas vérifié suffisamment de fois.

Le TOC peut grandement affecter la qualité de vie en raison de la présence d’une préoccupation constante, de l’anxiété et du temps supplémentaire pris par les comportements associés. Heureusement, nous pouvons vous aider ! La TCC est le traitement le plus fortement recommandé pour le TOC.

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Traitement

 Changer les pensées

 Il existe de nombreux schémas de pensée qui maintiennent le TOC, tels que :

1) La recherche de la certitude
Au cœur du TOC, il y a cette volonté d’empêcher qu’une « mauvaise chose » se produise, et/ou d’être une mauvaise personne.

2) La fusion pensée-action
Croire que parce qu’une personne pense à agir d’une certaine manière ou pense à un événement qui pourrait se produire, il est plus probable qu’il se produise, et que si une personne a une « pensée horrible », elle est une « personne horrible ».

3) Le raisonnement émotif
« Si je me sens anxieux ou en danger, il doit y avoir un réel danger. »

4) Le biais d’attention et de raisonnement
Se concentrer sur les signes de danger, par exemple en lisant tout sur les rappels de produits ou les histoires de contamination.

5) La suppression des pensées
Croire qu’on peut contrôler ses pensées et qu’il est très important de le faire.

Ces schémas de pensée peuvent être corrigés par la psychoéducation, la restructuration cognitive (reformulation) et des expériences comportementales pour tester les prédictions qui suivent de ces pensées. Voici quelques exemples :

Les pensées mènent à l’action :
Nous pouvons décider d’une pensée (par exemple, « Je vais me lever et chanter ») et rester assis en maintenant la pensée dans notre esprit pendant cinq ou dix minutes pour voir si, en effet, nous allons nous lever et chanter ; ou si, au contraire, nous resterons assis, comme prévu.

Les pensées causent des événements :
On peut acheter un billet de loterie et penser au fait de gagner pendant dix minutes chaque jour et voir si nous allons gagner ; ou penser pendant la même durée que le thérapeute se casse une jambe et voir si cela va arriver.

Je devrais pouvoir contrôler mes pensées :
Pour l’exercice de l’ours blanc, donnez-vous comme tâche de ne pas penser à un ours blanc pendant cinq minutes et voyez ce qui se passe !

On peut aussi faire des expériences d’observation : Par exemple, aller dans un restaurant et observer comment les gens se lavent les mains ou pas avant de manger avec leurs mains.

Ce qui est le plus important, cependant, et ce qui constitue l’objectif de la thérapie, c’est qu’il faut accepter l’incertitude, avec toutes les choses terribles qu’elle pourrait potentiellement apporter. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’alternative ! Le TOC ne vous rend pas réellement plus certain. Les compagnies d’assurance ne vous donneront pas de rabais sur votre assurance habitation parce que vous vérifiez votre cuisinière cent fois par jour ; ni un rabais sur votre assurance maladie parce que vous vous lavez les mains un certain nombre de fois. En réalité, des recherches ont démontré que plus on vérifie, plus on devient incertain de savoir si un appareil est allumé ou éteint, par exemple. Le TOC vous offre une illusion de plus grande sécurité, à un coût qui, à un certain moment, devient beaucoup trop élevé.

Jonathan Grayson, un expert reconnu du TOC, a un excellent chapitre intitulé « L’incertitude : le cœur du TOC » dans son livre Freedom from OCD et propose également de nombreux matériaux, vidéos et podcasts disponibles en ligne qui abordent le sujet de l’incertitude et son rôle dans le TOC.

Changer les comportements :

 Au final, le comportement est la clé ! Vous ne pouvez pas contrôler vos pensées (souvenez-vous de l’exercice de l’ours blanc), mais vous pouvez apprendre à les trouver moins angoissantes.

Exposition et prévention de la réponse (EPR) :

C’est la norme de référence en matière de traitement du TOC. Avant d’entrer dans les détails, voici une analogie utile : Disons que vous avez peur des chats. Ce que nous ferions pour vous aider à surmonter cette peur, c’est de placer un chat dans un coin de la pièce et commencer dans l’autre coin. Nous ferions un pas vers le chat ensemble et resterions là jusqu’à ce que vous vous sentiez à l’aise d’être un pas plus près du chat. Une fois cela fait, nous ferions un autre pas, puis un autre… jusqu’à ce que vous soyez avec le chat et ne ressentez plus la peur. Cela s’appelle la « désensibilisation systématique » ; vous vous habituez à la présence du chat.

Dans le TOC, le chat est la pensée intrusive (par exemple, « J’ai peut-être frappé quelqu’un avec ma voiture en rentrant chez moi »). Dès que cette pensée vous vient à l’esprit, vous vous sentez perturbé (ce serait terrible, vous pourriez tuer quelqu’un, aller en prison, etc.). Vous tentez alors de faire disparaître la pensée par la distraction, le dialogue intérieur, etc., ce qui revient à fuir le chat. Vous courez vers le chat (vous avez la pensée), puis vous fuyez (vous essayez de la faire disparaître) ; la désensibilisation ne peut pas se produire. En revanche, ce que nous faisons ensemble, c’est d’avoir la pensée intrusive et de rester avec elle jusqu’à ce que vous soyez à l’aise avec cette dernière ; nous pourrions commencer avec « J’ai peut-être frappé quelqu’un avec ma voiture sans m’en rendre compte». Ensuite, nous augmentons l’intensité et restons avec la pensée, comme « J’ai peut-être frappé quelqu’un avec ma voiture sans m’en rendre compte. Peut-être que la police viendra me chercher ; j’aurai tué quelqu’un, j’irai en prison, ne verrai plus mes enfants et me sentirai tellement coupable et honteux». Jusqu’à ce que vous puissiez avoir cette pensée, et bien que ce ne soit pas agréable, qu’elle ne provoque pas une anxiété excessive ni l’envie de l’éliminer.

La « prévention de la réponse » fait simplement référence au fait de ne pas participer aux comportements que vous avez habituellement pour faire face à l’intrusion. Dans l’exemple ci-dessus, la « prévention de la réponse » signifie que vous ne fuyez pas la pensée « Je pourrais avoir frappé quelqu’un avec ma voiture » (vous restez avec elle), vous ne vous distrayez pas, vous ne cherchez pas à vous rassurer pour savoir si vous avez frappé quelqu’un, vous ne vérifiez pas votre voiture pour voir si elle est endommagée, vous ne refaites pas votre trajet pour voir s’il y a une ambulance ou une personne blessée, vous ne regardez pas les nouvelles pour savoir si un délit de fuite a été signalé, etc.

Il est important de savoir que l’EPR est très efficace et se fait à votre rythme. Nous ne vous demanderons jamais de faire quoi que ce soit qui présente un danger évident, dont vous ne comprenez pas l’utilité ou la nécessité, ou que vous n’êtes pas prêt à faire. La TCC est de nature collaborative ; nous sommes là pour vous accompagner et affronter vos peurs ensemble.

Laissez-nous vous aider à surmonter votre TOC !

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Lectures recommandées :

Certains grands noms du TOC sont : Jonathan Grayson, Christine Purdon et Paul Salkovskis. Adam Radomsky (Université Concordia) et Martha Giraldo-O’Meara (Université de l’Île-du-Prince-Édouard) mènent des recherches intéressantes sur le TOC. Jonathan Grayson a une forte présence sur internet et nous vous encourageons à regarder certaines de ses vidéos ou podcasts.

Comprendre et traiter les TOC : données actuelles et nouvelles perspectives pour les troubles obsessionnels compulsifs (2022) par Dre Anne-Hélène Clair et Vincent Trybou, psychologue

Les Troubles obsessionnels compulsifs (2024) par Dre Anne-Hélène Clair

TOC ou pas TOC ? : Reconnaître un trouble obsessionnel compulsif et le guérir (2016) par Dr Franck Lamagnère

Nous avons aussi plusieurs références de livres en anglais (voir la version anglaise de notre site web).